Oscar Goldberg rejoint Anton Parks …Une approche gnostique de kabbale
Selon ce que Goldberg lui-même déclare concernant la kabbale, dans son écrit de 1908 “Die fûnf Bûcher Mosis ein Zalhengebäude, die Feststellung einer einheitlich durchgefüfhten Zahlenschrift”, où il s'efforce contre la thèse documentaire avancée par la critique biblique de démontrer l'origine mosaïque et l'unité du Pentateuque en se fondant sur la structure numérique des lettres, mots et versets du Pentateuque dont l'ensemble n'est rien d'autre que le déploiement du tétragramme, YHWH.
Il se réfère explicitement pour ce faire à ce qu'avance Nahmanide dans sa préface à son commentaire sur le Pentateuque : “Nous possédons encore une tradition véridique qabbalah shel emet que toute la Torah est composée de noms divins”
Il pouvait sembler d'après ce premier écrit que Goldberg allait se situer dans la ligne de l'orthodoxie juive mais sa principale oeuvre DieWirklickeit der Hebräer va amplement démontrer que ce n'est pas le cas.
Goldberg distingue la race des Hébreux en tant qu'elle est un rameau de la race sémitique, l'une des trois grandes races humaines issues de Noé, du peuple hébreu tel qu'il se constitue à partir d'Abraham.Chaque peuple qui forme une communauté humaine authentique possède un ou plusieurs centres biologiques d'où il provient.
Ces centres biologiques sont les dieux des différents peuples.Le Pentateuque entend par Shem rendu à l'ordinaire par “nom” l'ensemble du système des relations du peuple à Dieu.L'Elohim ne connaît l'individu qu'à travers le Shem. Ce dernier signifie la relation dynamique entre le centre - le dieu - et sa périphérie - le peuple - qui se présente comme le champ des forces du divin.
La réalité doit être conçue pour Goldberg comme liée non à l'individu ni à l'humanité mais au peuple. La relation dynamique entre dieu et peuple est une puissance constitutive de réalité. Chaque peuple possèdant un ou plusieurs dieux différents il en résulte que chaque peuple “métaphysique” particulier a sa réalité particulière.
Il existe donc toute une série de systèmes du monde métaphysiques qui se distinguent des systèmes du monde naturel par le fait qu'ils sont opposés à ces derniers. Le système du monde, peuple-dieu commence là où cesse la loi de la nature qui vaut pour tous les hommes.
Autrement dit les peuples sont des institutions en vue du dépassement des lois de la nature.Dans la conception du monde de Goldberg notre monde est l'enjeu d'un conflit entre l'Elohim YHWH qui appartient à la réalité infinie et les autres Elohim les dieux des autres mondes finis qui sont dans son langage des “centres biologiques” auxquels se rattachent chacun des peuples “métaphysiques”.Ces centres biologiques sont issus d'un domaine qui se situe entre la réalité finie et la réalité infinie, c'est le domaine de la limitation de l'infinité, principe génératif de toute biologie et que le Pentateuque désigne comme Tselem Elohim.(tselem = ressemblance)
Ainsi qu'il existe une cassure insurmontable entre la sphère prémondaine et le monde lui-même il existe aussi au niveau de la réalité finie une faille entre l'esprit et la matière. qui correspond à la catégorie de l'organique du biologique qui est le lieu où ce situent les centres biologiques en question.
Tout le Pentateuque doit être interprété comme un récit du processus d'affrontement des puissances formatrices de la réalité des dieux.Le Pentateuque est l'histoire des relations de l'Elohim YHWH aux autres Elohim c'est l' histoire du déploiement de la force d' YHWH. C'est pourquoi le Pentateuque est dénommé Sefer Milhamot YHWH “Livre des guerres de YHWH”.Pour comprendre l'enjeu du conflit Goldberg opère les distinctions que voici.
YHWH Echad c'est à dire le YHWH l'Un est YHWH comme le Dieu qui pré-existe au monde cependant que YHWH Elohim est le Dieu qui pré-existe au monde dans la mesure où il s'achemine vers ce monde plus précisément dans la partie finie de ce dernier.
Lorque le dieu qui pré-existe au monde s'investit dans la réalité finie il se soumet aux mêmes lois que les autre Elohim.
Ce qui exclut de lui les attributs dont le pare la théologie traditionnelle, comme la toute-puissance l'omni-présence et l' incorporéité de Dieu. Ce qui entraine encore comme conséquence qu' on ne saurait parler justice absolue de Dieu .
Cette limitation de la présence et donc de la puissance de l'originel divin résulte du fossé insurmontable qui sépare le dieu qui préexiste au monde de la réalité finie. Lorsqu'il est effectivement présent il est infiniment plus puissant que les autres Elohim mais l'amener ici est une tâche si difficile qu'elle présuppose toute l'histoire du monde.
Mais celle-ci est précisément le processus d'affrontement des Elohim.
Les autres Elohim. coexistent de fondation dans la création du monde et surgissent nécessairement avec elle c'est pourquoi YHWH Elohim doit tenir compte des autres Elohim.Le Dieu qui précède le monde ne sera définitivement supérieur que lorqu'il parviendra à achever l' histoire qui est le procès d' affrontement des Elohim c'est dire à se rendre eschatologique.
Ce monde-ci le seul qui ne possède aucun centre biologique est le domaine originel de l'Elohim YHWH ;
Mais étant donné que ce monde est celui de la plus grande tension les autres dieux veulent aussi prendre possession de ce monde ils agissent comme des “puissances coloniales.” pour cela ils doivent établir un “compromis” avec l'Elohim YHWH.Ceci s'est produit avec la création d'Adam lors du sixième jour de la Genèse à la formation duquel a participé non seulement l' Elohim YHWH mais aussi les autres Elohim ainsi qu' il est dit : « Faisons un homme » (Gn 1 26)
Mais ceci n' est survenu qu' après que chacun des Elohim ait cherché a créer sa propre humanité originelle.Les animaux sont le résultat de ces tentatives dont d' après Goldberg chaque espèce représente un type humain avorté.
Cette formation de races originelles de l'humanité a été empéché par un acte de délibération de l'Elohim YHWH concernant les autres Elohim. Aussi doit-on rapporter l' unité de la race humaine à cette délibération de l'Elohim YHWH.
Sa dfférenciation tout ce qui concerne la naissance et la mort est l'oeuvre des autres Elohim dont l'Elohim YHWH n'a pu empécher la participation à l'édification se l'homme originel du Tselem Elohim.
Du point de vue de l'Elohim YHWH Adam aurait du vivre éternellement.L'arbre de la vie du jardin d'Eden incarne cette perspective les autres Elohim qui ont besoin de la différenciation individuelle de la race humaine utilisent leur participation à l'édification de l'humain pour produire cette différenciation.L'arbre dénommé à l'ordinaire “arbre de la connaisance du bien et du mal” vient signifier l'opposition entre positif et négatif: en lui se fait jour ce qui est opposition, différenciation, sexualité.
La possibilité de choix offerte à Adam est le résultat d'un compromis établi entre l'Elohim YHWH et les autres Elohim à la suite de la co-participation des deux parties à la création de l'homme.
Le serpent de la Genèse est le représentant des Elohim qui dans un premier temps, parviennent à faire expulser l'homme du jardin où il serait devenu d'emblée éternel.
On voit ensuite le processus de procréation s'enclencher immédiatement après la transplantation du premier homme.L'histoire de l'humanité passe d' abord par une phase que Goldberg dénomme cosmo-biologique.
Depuis les origines les autres Elohim cherchent à empécher l'exteriorisation du Shem de l'Elohim YHWH.
Des deux fils d' Adam Abel le représentant de la métaphysique se fait assassiner par Caîn l'homme de la possession, ainsi la métaphysique devient-elle vacuité. Adam trouve un substitut à Abel en la personne de Seth lequel engendre Enosh « à partir duquel on commença à invoquer le nom de YHWH » (Gn 4,26).
Mais ce fut un début encore faible comme l'indique le nom d'Enosh car par le mélange des races non seulement YHWH mais une masse d'autres Elohim furent invoqués en même temps.
Alors que pendant les six jours de la création les plantes et les animaux apparaissent en conséquence de la disponiblité des force biologiques créatrices cette période créatrice va se clore avec le déluge.
Ce dernier est la conséquence de la tentative des autres Elohim de briser le dessein d'unité de la race humaine qu'un acte de délibération de l'Elohim YHWH leur avait imposé.
Après quoi les Elohim ont à nouveau tenté de briser le principe d'unité par des voies plus subtiles en créant d'autres races que l'homme par des engendrements originels.
Ce sont là les Beney Elohim la progéniture d'autres mondes qui sont directement entrés dans ce monde sans passer par le canal de l'institution de la naissance qui se mêlèrent aux hommes en vue de produire de nouvelles races.
L'époque pré-diluvienne est placée sous le signe du hamas de la violence (Gn 6 11-12)20. Ce terme définit l'âge des formations biologiques défectueuses.
Les Elohim ne sont pas seulement le centres transcendants des fonctions biologiques partielles telles qu'elles apparaisent avec les différentes espèces d'animaux mais aussi les centres organiques de l'organisme humain dans sa totalité.
Les Elohim s'étant partagés l'homme celui-ci devient le lieu du processus d'affrontement entre les dieux.
Tant que le le processus n'est pas encore parvenu à un résultat probant à savoir la stabilisation sous forme de trois principales races le conflit entre les Elohim, ennemis les uns des autres doit se manifester chez l'individu.
Ce qui signifie la violence à l'intérieur de l'individu car les contradictions des Elohim des centres-organes s'expriment en lui comme dans un organisme où chaque organe particulier s'oppose à l'autre. C'est dans cette disharmonie des Elohim que se trouve la raison de l'apparition de organismes biologiques défectueux que le Pentateuque désigne sous le terme de Nefilim (Gn 6,4)21.
L'humanité se trouve manipulée par les Elohim aussi bien au niveau individuel que par la création de races mêlées entre humain et divin.Il n'existe pas de réciprocité entre les hommes et les dieux; l'homme lui aussi use de contrainte envers le divin par le moyen de la conjuration comme cela est indiqué à propos d'Enosh.
Durant cet âge de la violence le mésusage du Shem atteint un tel paroxisme qu'aussi bien la masse mêlée des nefilim que celle de beney Elohim tentent de le maîtriser et de l'utiliser pour leurs propres fins comme il est dit :
« Ce sont les gibbôrim les puissants qui sont depuis toujours des hommes du nom anshey ha-shem » (Gn 6,4)23.
Cet état de choses devait prendre fin dans l'intérêt de la race humaine et de la réflexion de l'Elohim YHWH qui lui était liée ainsi que du déploiement de son Shem.
Ceci se produisit avec le déluge par lequel la terre fut à son tour placée sous le signe du hamas (cf. Gn. 9 11). Une stabilisation du monde s' imposa alors et il fut décidé que l'état de la nature ne serait plus interrompu (Gn 8,22) l'arc en ciel devint dés lors le signe de cette promesse faite à Noé et l'humanité qui allait sortir de lui.
Le déluge a donc marqué la fin de la période cosmo -biologique et fournit son fondement au,processus d'affrontement anthropo-biologique des Elohim.
Trois races humaines procèdent de Noé lesquelles correspondent aux trois éléments de la réalité finie : esprit matière et biologie.
La race aryenne est celle qui se tourne vers l'esprit vers ce qui est en haut et cherche à se rapprocher de l'origine de l'esprit de la réalité infinie elle est placée dans le Pentateuque sous l'égide de Japhet.
L'autre est préoccupée de la maîtrise de la matière au sens non pas empirique mais transcendant du terme il s'agit ici d'une élevation de la matière (nitsûtsôt) ; c'est là le génie des Sémites et éminemment celui du peuple des Hébreux.
Cette métaphysique des Sémites est en une forte compétition avec celle de la troisième des principales races celle des Mongols désignée sous le Pentateuque sous le nom de Ham. La métaphysique des Hamites doit être décrite comme une métaphysique d'une descente dans la matière l'inverse donc d'une élevation de la matière.
Le récit de la tour de Babel est décrit comme une phase négative de l'histoire de l'humanité dans les termes de Goldberg comme un “processus de fixation”, auquel ont présidé les mêmes forces qui ont mis en place la “normalité” de ce monde ces forces ennemies de la métaphysique issues de l'entre-deux biologique situé entre l'esprit et la matière.
Lorsque ces forces se rendent indépendantes elles se pressent entre le centre biologique le dieu, et le territoire de son déploiement biologique le peuple qu' elles coupent par là de sa source de puissance.
Ces forces ont cherché par l'expression de leur puissance en utilisant des peuples mêlés de peuples qui n'ont plus d'Elohim à se substituer à la métaphysique.
Les gens de Babel ont cherché à se faire un Shem (Gn 11,4) par le moyen de la technique c'est dire par le biais d'un organisme basé sur l' artifice.
La technique veut se substituer à la métaphysique. Cette substitution de l'artifice à la métaphysique se concrétise dans le gigantisme de la tour de Babel conçue comme un pont par lequel on aura accès au mondes transcendants.
Cette tentative sera stoppée par la confusion des langues qui équivaut à la défaite de cette “fixation”.
La fixation cette ennemie née de la métaphysique n'a pas débutée avec Babel.
Elle est déjà présente aux origines de l'histoire avec la naissance de Caîn ; alors qu'Eve croit avoir donné naissance à un homme avec YHWH elle engendre en réalité Caïn l'homme de la possession autrement dit le premier-né de la fixation (Gn 4,1). C'est lui qui assassinera Abel le représentant de la métaphysique ; prédécesseur de la lignée métaphysique Seth - Sem.
C'est de Caïn que sont issus tous les kaïnites agriculteurs artisans et fondateurs de cités. L'avènement de l'état est une conséquence sur le plan factuel de la fixation.
Les états sont des pôles opposés aux peuples. Chaque peuple qui se trouve scindé de son dieu se trouve conduit inéluctablement au stade de sa décadence. Ce déclin survient parce que l'on n'a plus affaire dés lors à un peuple mais à une foule d'individus; qui tôt ou tard doivent s'éteindre.
Les puissances de la fixation essaient de stopper ce processus de déclin par un ordre humain substitué à l'ordre naturel qui se maintient un certain temps ; c'est cela l'essence de l'état.
Le même principe démoniaque qui donne lieu aux impropriétés de la biologie et aux contingences de l'ordre de la nature est aussi l'auteur dissimulé du non sens que constitue l'état.
L'arrêt des engendrements cosmo-biologiques et de la fondation du système des peuples qui s'y trouve lié a le sens, d'une part de susciter et de hâter la confrontation et le processus de dissociation des Elohim et d'autre part d'amener la cristallisation et la mise en évidence par l' Elohim YHWH de son propre Shem.
La tripartition d'Adam en Sem, Ham et Japhet les trois principales orientations métaphysiques signifie que les dieux se séparent désormais les uns des autres et se rendent indépendants.
Avec l'ère anthropologique chaque Elohim a désormais son propre terrain de forces son propre peuple sur la terre : tout est prêt pour que la guerre des dieux en vue de la suprématie puisse s'engager !
La fondation de la période anthropologique ne conduit pas cependant d'emblée à la cristallisation et la mise en évidence par l' Elohim YHWH de son propre Shem.
Certes YHWH est l'Elohim de Shem davantage qu'il ne fut celui d'Adam.
Pourtant deux circonstances font que le “système anthropologique” n'est utilisable par YHWH que d'une manière limitée. En premier lieu pour ce qui concerne YHWH il n'est pas un centre biologique des autres Elohim de la réalité finie.
D'autre part en ce qui concerne les Sémites et les Hébreux il sont à l'origine un peuple comme tous les autres (cf. Jos 24,2) ils disposent de centres biologiques comme les autres ils proviennent donc aussi des autre Elohim.
C'est la raison pour laquelle YHWH devait mettre fin à cette chaîne continue qui débuta avec Adam par un acte révolutionnaire introduisant une dicontinuité dans l'histoire : la fondation de son propre peuple.Etant donné que l'Elohim YHWH ne se laisse pas “dériver” au sens d'un centre biologique puisqu'il est issu de la sphère prémondaine et de la réalité infinie il en résulte que la relation entre l'Elohim YHWH au peuple d'Israël repose sur un acte d'élection qui est exprimé par l' acte de la Berit ou alliance, d'un choix réciproque ce qui n'est le cas d'aucun autre peuple ; chez tous le lien entre lui est d'ordre naturel de l'ordre de la descendance.
Au contraire il est requis d' Israël d'abandonner le centre biologique d'où il procède ce qui contredit à la nature. On le voit déjà chez Abraham qui aussi bien par la circoncision que par son acquiecement au sacrifice d'Isaac prouve qu'il est disposé à renoncer à instaurer un nouveau mode de vie qui s'oppose à l'ascendant du biologique.
Cela dit il faut cependant distinguer entre les Hébreux comme race et les Hébreux après Abraham c'est à dire les Israëlites.
Le peuple d'Israël est un refondation. Il est à l'inverse du peuple de Hébreux une fondation téléologique qui consiste en ce que une rupture a été consommée avec le centre de filiation à partir de laquelle doit avoir lieu une aspiration vers un but final, le dieu de l'élection.
Alors que chaque peuple métaphysique est contraint à servir son centre biologique pour assurer son auto - conservation le peuple téologique dispose du choix à l'égard du culte et de la liberté de volonté à l'égard du dieu vers lequel il tend.
Mais le peuple ne sera jamais à l'abri d'une régression dans le biologique comme le montre l'épisode du veau d'or . Il risque même lorsqu'il abandonne sa vocation de se situer en-dessous du niveau des autres peuples authentiques étant donné son éloignement du centre de filiation.
Mais le maintien de ce qu'il y a de corporel dans le peuple issu des autres Elohim malgré sa rupture avec les anciens Hébreux fait que ce corps n'est pas à l'abri d'une forte réaction corporelle en faveur des autres Elohim.
D'où la nécessité pour les Hébreux de contrer leur prédisposition métaphysique le Dieu de l'élection se distinguant des autre dieux par son noyau pré-biologique. C'est pourquoi le principe de la métaphysique hébraîque sera : contra naturam vivere.
Source :
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Pour en savoir plus sur cet épisode de la genèse voir la parachat béréshit KAÏN et ABEL par le Rav Dynovisz